La mérule représente une menace sérieuse pour toute habitation en bois. Durant nos années d’expérience dans la rénovation, nous avons croisé ce champignon destructeur à de nombreuses reprises. Contrairement à un simple problème d’humidité que l’on peut résoudre en rénovant une salle de bain facilement, la mérule nécessite une intervention rapide et efficace. Surnommée « lèpre des maisons » ou « cancer du bâtiment », elle peut causer des dégâts considérables si elle n’est pas traitée correctement. Dans ce billet, nous vous expliquons comment identifier et éliminer ce champignon redoutable.
La mérule dans votre maison : identification et dangers
Reconnaître la mérule constitue la première étape essentielle avant tout traitement. Ce champignon lignivore (Serpula lacrymans) se développe principalement dans les environnements humides, sombres et peu ventilés. Nous avons souvent constaté sa présence dans les caves, sous-sols ou derrière des meubles plaqués contre un mur humide.
Les signes visuels de la mérule varient selon son stade de développement. Dans sa phase initiale, vous pourrez observer des filaments blancs ou grisâtres d’aspect cotonneux. En progressant, elle forme des plaques duveteuses et peut évoluer vers des structures ressemblant à des plumes ou des racines de couleur brun foncé à noir. Dans les cas avancés, des champignons en forme de chapeau apparaissent.
Le bois infesté par la mérule présente une pourriture cubique caractéristique avec des fractures en forme de cubes. Sa texture devient granuleuse et il perd sa résistance mécanique. Un simple test consiste à enfoncer un objet pointu dans le bois suspect – s’il pénètre facilement sur plusieurs centimètres, la mérule est probablement présente. Un plancher touché produira également des crépitements sous vos pas.
L’odeur constitue un autre indice révélateur : la mérule dégage une odeur typique de champignon, terreuse et légèrement sucrée, rappelant parfois une forêt en automne.
Condition | Valeur optimale pour la mérule |
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Taux d’humidité du bois | 20% à 40% |
Température idéale | 20°C à 30°C |
Température de survie | 3°C à 26°C |
Environnement | Sombre et peu ventilé |
Les dangers de la mérule ne doivent pas être sous-estimés. Ce champignon peut progresser de plusieurs centimètres par jour, émettre des milliards de spores dans l’air et traverser des matériaux non ligneux comme la pierre ou le béton sur des distances considérables. Sa capacité à rester en dormance jusqu’à ce que les conditions redeviennent favorables la rend particulièrement difficile à éradiquer définitivement.
Comment traiter efficacement la mérule sur le bois
Avant d’entreprendre tout traitement, certaines étapes préliminaires s’avèrent indispensables. Notre expérience de terrain nous a appris qu’un diagnostic approfondi constitue la base d’une intervention réussie.
Commencez par une inspection minutieuse pour localiser la source exacte et évaluer l’étendue des dégâts. Ensuite, recherchez et supprimez toutes les causes d’humidité – fuites, infiltrations ou problèmes de condensation. Asséchez soigneusement la zone touchée et améliorez la ventilation. Mettez à nu les surfaces pour accéder à toutes les zones contaminées.
Pour éliminer la mérule, trois méthodes principales existent :
- Le traitement par piquage et chimique : cette méthode traditionnelle implique la dépose complète des éléments contaminés, le piquage des enduits, la stérilisation à la flamme des maçonneries et l’application de produits fongicides spécifiques.
- Le traitement thermique : plus écologique, cette technique consiste à hermétiser la zone avec des bâches, puis à élever la température à environ 50-53°C pendant 12-16 heures.
- La démolition et le remplacement : pour les cas les plus graves, l’enlèvement complet des structures touchées devient nécessaire, suivi de leur remplacement par des éléments sains.
Lors de nos chantiers de rénovation de salle de bain avec douche italienne, nous avons parfois découvert des mérules cachées sous d’anciennes boiseries. Dans ces situations, nous privilégions généralement une combinaison de méthodes pour garantir l’éradication complète.
Certaines actions sont à éviter absolument : ne nettoyez jamais la mérule avec de l’eau de javel car cela accélère son développement. Évitez de gratter ou racler directement le champignon sans protection, car cela libère des spores dans l’air. Et surtout, ne traitez jamais sans avoir d’abord résolu le problème d’humidité.

Prévenir l’apparition de la mérule et garanties professionnelles
La prévention reste la meilleure arme contre la mérule. Nous recommandons de maintenir un taux d’humidité faible dans votre habitation et d’assurer une bonne ventilation, particulièrement dans les espaces peu fréquentés comme les caves ou les greniers. Une surveillance régulière des zones à risque permet de détecter rapidement toute anomalie.

Dans certains cas, notamment lors de la construction d’un mur en béton nécessitant un dosage précis avec des sacs de ciment, l’installation d’une barrière étanche prévient les remontées capillaires qui pourraient favoriser le développement de la mérule.
Pour les traitements complexes, nous conseillons vivement de faire appel à des professionnels certifiés. Les entreprises possédant les certifications Qualibat, CTBA ou CTB-A+ offrent des garanties sérieuses. La certification CTB-A+ assure notamment une garantie de 10 ans sur les traitements réalisés.
Ces spécialistes utilisent des produits certifiés CTB-P+ ou équivalents, garantissant l’efficacité du traitement tout en respectant votre santé et l’environnement. Avant d’engager une entreprise, demandez systématiquement un devis détaillé et une copie de leurs certifications.
Sur le plan légal, sachez que la mérule est présente dans une cinquantaine de départements français, principalement dans le Grand Ouest, le Nord et la région parisienne. Bien qu’elle ne fasse pas partie des diagnostics immobiliers obligatoires, les vendeurs doivent signaler sa présence dans les zones délimitées par arrêté préfectoral. Quant aux assurances, elles ne prennent généralement en charge le traitement que si l’infestation est liée à un dégât des eaux identifié.